Histoire

Saint-Jean-de-la-Rivière

Texte de M. Barros

Saint-Jean-de-la-Rivière a porté anciennement le nom de Turgeville (Torgis villa). Torgisvilla (1051-1066) – Sancti Johannis de Turgisvilla (1123) – Sancti Johannes de Riparia (V.1280)

François de Beaurepaire donne pour origine de l’appellation primitive Torgisville le domaine, la ville de Thorgisl, nom scandinave qui se perpétue dans le nom de famille Turgis. Parallèlement à Saint Georges de la Rivière, la mutation en Saint jean de la Rivière s’est effectuée au XIIIe. Le mot Riparia qui a fourni le déterminant -La Rivière doit être interprêté au sens primitif de rivage (de la mer), comme dans l’appelation riviera.

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L’abbé de Lessay avait le patronage de l’église. Il lui avait été donné par Algare, Evêque de Coutances, qui, en 1134, à la demande de Robert de La Haye, sénéchal de Henri, Roi d’Angleterre et Duc de Normandie, et de ses deux fils Richard et Raoul, abandonna l’église de Saint-Jean, sauf ses droits et ceux de son église.

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L’église de Saint-Jean porte encore le nom de Saint-Jean-de-Turgeville dans la charte confirmative du Pape Urbain III donnée à l’abbaye de Lessay en 1186. Cette appellation figure encore, au XIIe siècle, dans une donation faite à l’abbaye Notre-Dame-du-Vœu de Cherbourg (Torgisville).

L’abbaye de Saint-Père de Chartres prélevait une partie des dîmes, le reste étant partagé entre l’abbé de Lessay et le Curé du lieu. L’église présente intérieurement un état de décrépitude inquiétant et il faudra bien un jour entreprendre une restauration si on veut éviter que l’humidité ne continue ses ravages.

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Les piliers qui soutiennent les arcs du chœur sont de l’époque romane.
Le maître-autel avait autrefois un retable dont le tableau et son cadre (en fort mauvais état) ont été placés au fond de la nef, au-dessus du portail. Deux statues : saint Jean-Baptiste et sainte Barbe. La perque du crucifix date du XVIIIe siècle. Dans la chapelle sud, édifiée au XVIIe siècle, a été entreposé un sarcophage en travertin qui se trouvait autrefois dans le cimetière.

En 1416, Guillaume Du Saussay fit hommage au roi pour les fiefs de Barneville et Saint-Jean-de-la-Rivière à cause de Guillemette Carbonnel, son épouse. Il devait s’agir, en fait, non pas du fief de Saint-Jean-de-la-Rivière, mais d’une vavassorie, appelée la vavassorie de Saint-Jean, ou plus précisément encore des Moitiers, ainsi que le prouve une sentence rendue au bailliage de Saint-Sauveur-le-Vicomte, le 27 Juin 1605, contre Thomas Du Saussay, seigneur de Barneville, au bénéfice de Jacques Jouan, seigneur d’Omonville et Saint-Jean-de-la-Rivière. Par cette sentence, le seigneur de Barneville n’était pas reconnu seigneur de Saint-Jean mais seulement propriétaire de la vavassorie des Moitiers.

En fait, le fief de Saint-Jean-de-la-Rivière était distinct de cette vavassorie. Ses plus anciens propriétaires connus sont les moines de l’abbaye de Chartres qui le vendirent à noble homme Adam Jouan, seigneur d’Omonville, en 1564. En 1603, il appartenait à Jacques Jouan, sieur d’Omonville et Rauville, demeurant à Omonville qui en rendit aveu au roi le 19 mars de la même année.

En 1640, Henry Jouan, écuyer, était sieur de Saint-Jean et y demeurait. L’Etat de la Noblesse de 1640 indique qu’il était fort pauvre. Ce fief de Saint-Jean passa ensuite à la maison de Thieuville.

En 1645, Guillaume-Alexandre de Thieuville, écuyer, sieur d’Omonville et seigneur du Parc (fief situé à Saint-Lô-d’Ourville) était seigneur et patron
honoraire de Saint-Jean-de-la-Rivière. Puis il passa dans la maison des seigneurs de Pierrepont et enfin dans celle des seigneurs de Graffard.
François Pittebout, seigneur de Grafïard, était seigneur de Saint-Jean-de-la-Rivière dès 1660.

Pierre-Georges-François-Robert Pittebout, seigneur de Graffard, eut, en 1752, un procès avec Pancrace Hellouin, seigneur d’Ancteville et du Dyck, au sujet de la possession de ce fief et du droit de patronage honoraire de la paroisse. Il est hors de doute que le seigneur de Graffard obtint gain de cause.
Le fief de Saint-Jean resta propriété de la famille Pittebout jusqu’en 1767, puis passa par héritage à la famille Bignon. Il valait 1/8 de haubert. Le domaine non fieffé comportait 3 vergées de terre. Il n’y avait pas de manoir mais seulement une grange seigneuriale.

En 1742, le domaine fiefïé comportait 12 aînesses (ou fiefs) d’une superficie de 3 acres chacune. Sur chaque aînesse le seigneur de Saint-Jean percevait le droit de champart, 3 sols au terme saint Paul, 6 deniers au terme saint Michel, 1 geline à Noël et 20 œufs à Pâques. Il y avait encore 10 acres du domaine fieffé sur lesquelles il était perçu : 36 sols en argent, 5 quartiers et 1/2 boisseau de froment mesure de Barneville, 2 boisseaux
d’avoine, 2 chapons et 1 geline.

L’ancien presbytère (XVIIIe siècle), une maison à tourelle du hameau de Vouges ont gardé leur allure pittoresque.

Dans un clos proche du carrefour de la route allant de Barneville au carrefour d’Olonde et du chemin menant du hameau de Vouges au village de Saint-Jean-de-la-Rivière on peut voir les ruines d’un ancien moulin à vent. Ce moulin, appelé le moulin Régnier, et la vergée de terre alentour appartenaient à la seigneurie de La Haye-d’Ectot. Les hommes et tenants de cette seigneurie devaient faire moudre leur grain à ce moulin.

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